mardi 18 novembre 2014

Une belle synthèse de la conférence de Stéphane Levrero sur les abeilles et la pollinisation

 Stéphane Levrero, apiculteur vivant dans la nature, n’en est pas moins un scientifique de haut vol, avec une formation très pointue dans son métier. Il est comme il dit « un paysan sans terre et sans reproche ». C'est-à-dire qu’il déplace ses ruches suivant les saisons, les installe dans les  montagnes, les champs avec l’accord des paysans.
La première partie de sa conférence s’est déroulée à l’appui d’un beau diaporama, avec des photos en gros plan sur les abeilles, sur le butinage, l’organisation de la ruche, la création d’une colonie, la récolte du miel, et ses prélèvements de larves de reines pour fonder de nouvelles colonies. En effet, rares sont les ruches d’abeilles sauvages actuellement dans la nature, et très souvent, ce sont les apiculteurs qui créent les colonies. Il existe d’ailleurs un métier très rare : éleveur de reine. Les apiculteurs peuvent acheter des reines, si besoin. 
Stéphane travaille dans un véritable laboratoire (son équipement lui a couté plus de 30 000 euros) ; il fabrique son miel, ses produits dérivés et chaque miel récolté subit des prélèvements pour déterminer la provenance des fleurs.
Il nous a parlé des multiples actions des abeilles, comment elles fabriquent la propolis, comment elles pollinisent les plantes, les arbres, comment elles se défendent contre l’envahisseur et tout un tas de choses passionnantes, que je ne peux citer entièrement.

 
Ensuite, Stéphane nous a parlé de la pollinisation. 
Il nous a exposé le rendement en fruits et légumes lorsqu’un champ était pollinisé par les abeilles, en présentant une fiche par plante (pommier, prunier, poirier…mais aussi tomates, courges, et autres légumes). Cette présentation provenait d’un centre d’étude.
Il montre à quel point le rendement, avec la pollinisation par les abeilles, augmente ou est même indispensable aux cultures de fruits et de légumes, et de tout le végétal
Stéphane nous a parlé du monde agricole, et de sa gestion catastrophique depuis la fin de la guerre, avec l’usage de plus en plus massif des pesticides, et certains, dix fois plus toxique que le DDT. Les pesticides sont incorporés jusque dans les racines, directement au cœur de la plante. 
Actuellement tous les agriculteurs touchent des subventions pour leurs exploitations mais un grand nombre pollue la terre, appuyés par les lobbys des grandes firmes chimiques. 
Par contre les apiculteurs ne touchent aucune subvention, et pourtant certains maraichers font appel à eux pour aider à la pollinisation, car leur rendement avec les engrais et insecticides ne suffit plus. Une location de ruches à la semaine leur coûte 50 euros, pour un faible rendement en miel en contrepartie pour l’apiculteur. 
Cette année, Stéphane a perdu 50% de ses ruches. 
Les abeilles qui butinent sur les plantes infectées meurent. 
Les épandages de pesticides dans le sud pour lutter contre les moustiques et chicungunya, venus à cause du réchauffement climatique tuent aussi le reste des insectes. Sans compter l’arrivée du frelon asiatique, qui décime aussi les ruches. 
Aucune mesure n'est prise, personne ne soutient les apiculteurs peu nombreux, aucune voix à Bruxelles ne s’élève contre cette incroyable spirale. C’est une aberration totale et révoltante de constater ce mépris de nos politiques et industriels, et cet aveuglement de notre société face à ce phénomène. 
Continuons à vivre dans nos cocons, et qu’adviendra-t-il de notre verte terre ? 
La conférence s’est terminée sur une note dépitée sombre et triste. 
Mais Stéphane est heureux quand il voit ses abeilles, dans la montagne, qui fusent dans tous les sens et se régalent des milliers de fleurs qui les entourent.
 
Pour en savoir plus sur les méfaits de l'agrochimie, je vous invite à lire cet article paru dans Libération le 13 novembre 2014 :  "Insecticides : le grand massacre"

 
Juliette
 
Et voici la réponse de Stéphane Levrero, qui a souhaité apporter quelques précisions au texte de Juliette :
 
Dans l'ensemble du texte, vous n'avez pas dit des choses inexactes.Mais j'aimerai rectifier certaines choses:
Je ne suis pas un scientifique mais seulement un homme de terrain. 
Les seules subventions sont de deux types:
       -on perçoit 17 euros par colonies par an Mesure Agro Environnementale. Il faut en mettre minimum 25  par lieu (liste de lieu préétabli par l'administration) et ce durant pour un minimum de 4 semaines (je crois).
       -aides à l'investissement 
Concernant les pesticides d'après une étude de Bonmatin 2008 CNRS la plupart des molécules chimiques vendus  sont mille fois plus puissantes que le DDT: thiametoxan (5400) fipronil (+ 6000 qui est vendu en pharmacie contre les puces et tiques). Si vous le souhaitez, je peux vous envoyer le tableau (avec comme titre bon apétit!!!!!). Désolé
Stéphane

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je me joins à Toinon et à tous les autres pour te remercier et te féliciter Juliette pour ton excellente synthèse sur l'intervention de notre apiculteur. Moi aussi je n'en avais pas autant retenu.

Ce qui est sûr, c'est que nous étions tous très affectés par la gravité de la situation que Stéphane nous présentait. Nous avons pris plus que jamais conscience qu'il ne suffit plus d'être informés mais aussi qu'il faut certainement que nous participions à une mobilisation urgente et massive pour sauver les abeilles et les apiculteurs porteurs de vie et d'avenir pour la planète ! Merci aussi à Stéphane pour son combat avec toute notre admiration.

Marianne